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Aujourd’hui, nous nous rendons dans l’église Saint-Barthélémy et nous allons nous focaliser sur l’orgue
Les différentes orgues qui se sont succédées en l’église connurent une fin tragique.
Le 19 août 1566, une bande de Gueux dévaste l’unique église et brisent statues, mobilier et orgues.
La folie dévastatrice s’étant apaisée, les seigneurs de Mouscron dotent l’église de nouvelles orgues et en assurent l’entretien.
Le 18 mai 1794, un corps d’armée français commandé par le général Joseph Souham emporte une bataille ayant pour enjeu la possession de Tourcoing. Dès le lendemain, une troupe française vient s’installer à Mouscron. Non seulement, elle prend possession de l’église pour s’y loger, mais elle y abrite les chevaux. Le mobilier, la chaire de vérité et les orgues sont brûlés sur le Mont des Moulins.
Les orgues actuelles datent de 1766 et proviennent d’un autre édifice religieux plus important que l’église de Mouscron (Un cartouche ornementé placé au centre du buffet nous le révèle).
L’orgue fut restauré à plusieurs reprises depuis 1803. En 1860, on déplace les claviers situés jusque là à l’arrière en dessous de tuyaux de façade. En 1904, les facteurs tournaisiens Théophile et Maurice Delmotte effectuent un relevage complet. La maison Paul Anneesens de Menin intervient à son tour en 1950.
L’orgue de Saint Barthélémy est classé depuis le 17 décembre 1981 comme monument historique en raison de la valeur historique et esthétique. Dans notre région, il est le seul instrument à deux claviers ayant conservé autant de matériel du 18e s.
De 1995 à 1997, d’importants travaux sont entrepris ayant pour but de reconstituer l’instrument dans l’état où il se trouvait en 1803 lors de son installation à Mouscron.
Outre la restauration scrupuleuse de toutes les parties originales (buffet, sommiers, l’essentiel de la mécanique, 85 % de la tuyauterie), on s’attachera à mettre en place les imposants soufflets cunéiformes et la console des claviers. Les Artisans Facteurs d’Orgues et de Clavecins de Tournai ont fait du bel ouvrage. Ils furent aidés en cela par Roland Servais, docteur en musicologie et auteur du projet bénéficiant des subsides de la région Wallonne, de la province du Hainaut et de la ville de Mouscron.
L’orgue n’a pas été remonté en tribune, mais dans le chœur devant l’ancien maître-autel. Cette décision a été prise au cours du chantier en accord avec la commission Royale des Monuments et Sites. Elle permet de mettre en valeur les superbes sculptures en rocaille du soubassement d’une part et d’autre part favorise une meilleure acoustique tout en diminuant les différences de température et d’hygrométrie (analyse de l’humidité de l’air) causées par le chauffage à air pulsé.
Le buffet de l’orgue a retrouvé sa teinte d’origine, un faux bois clair tranchant nettement avec les stalles néogothiques foncées qui l’entourent. Les tuyaux de façade abîmés par plusieurs couches de peinture argentée ont été polis et présentent actuellement la patine chaleureuse de l’étain ancien.
Les claviers reconstruits à leur emplacement d’origine simplifient grandement le mécanisme de traction des claviers et permettent à l’organiste d’œuvrer discrètement, caché par son instrument. Un jeu de miroirs lui assure néanmoins de suivre l’action liturgique.
Une impressionnante batterie de trois soufflets cunéiformes pouvant être actionnés manuellement et électriquement a été reconstituée au cours de la dernière restauration. Ses dimensions imposantes ne permettent pas de l’inclure dans le buffet de l’orgue. L’instrument reflète actuellement le style des instruments français du 18e s. pimenté toutefois par certaines caractéristiques flamandes.